A propos de l'auteur

Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. Albert Camus. 10 décembre 1957. Discours à l'Académie Nobel.

 

1973 – 1991 : Les années de découverte

Je suis né à Nice, en décembre 1973, un an après la fin de la mission Apollo 17, en plein cœur du premier choc pétrolier. Mon histoire personnelle n'a peu d'intérêt en soi mais elle peut vous éclairer sur certains aspects du livre.

Enfance paisible mais marquée par des angoisses multiples : retour à la vie des mammouths (après une émission Temps X consacrée à la découverte d’un spécimen intact en Sibérie), chute de satellites, explosion atomique (mon père voulait construire un abri anti-nucléaire dans le jardin), tremblements de terre (Nice est sur une faille sismique), passage du nuage de Tchernobyl, réglements de comptes entre mafias (Nice est déchirée par les guerres de Casino et rongée par la corruption), krach boursier de 1987, la marée noire de l'Exxon Valdez, montée du racisme et de la violence urbaine, destruction des espèces et de l’environnement, peur des cambriolages ou de la fameuse algue tueuse, la Caulerpa Taxifolia. Je sens que l'humanité évolue sur le fil de rasoir et cette sentation m'agite. Je m’apaise en lisant tout ce que je peux, en programmant mon ordinateur, en m’intéressant à l’art (notamment les monochromes bleus d’Yves Klein présentés au Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain situé en face de mon lycée) et en voyant mes amis le soir. La première guerre d’Irak me marque également beaucoup.

1991 – 2000 : Les années d’expérimentation


Passionné par les Sciences, je poursuis mes études dans cette voie, pensant naïvement que les problèmes du monde pourraient se résoudre simplement, uniquement par une approche rationnelle et innovante. Parti à Paris en école d’ingénieur, j’explore toutes les strates de cette ville que j’adore. Après m'être beaucoup intéressé aux nombres premiers, à la théorie du chaos et aux fractals, je me spécialise plutôt dans les mathématiques et la modélisation appliquées à l’économie, sentant bien que l’économie était le point névralgique de notre société occidentale. J'effectue mon stage de fin d'étude en 1996 dans une grande compagnie électrique qui réfléchit aux modèles pour s’adapter à la future donne concurrentielle qui venait d’être décidée au niveau européen. Je pars ensuite vivre pendant 4 ans à Chicago aux Etats-Unis pour faire de la recherche en optimisation (une branche des mathématiques appliquées) à Northwestern University et Argonne National Laboratory (je n'ai su qu'après qu'il s'agissait d'un des laboratoires du département de l’Energie américain qui participa à la mise au point des premières bombes atomiques au début du projet Manhattan…brrrrr…). Années très fastes sur le plan scientifique (lire par exemple cet article de recherche qui nous a valu avec mes collègues le SIAM Optimization Prize, décerné une fois tous les trois ans) et personnel (où j’ai le temps de lire énormément, de voyager aux quatre coins du pays et de rencontrer des gens du monde entier). Nos travaux sur l’usage de plateformes composés milliers d’ordinateurs distribués sur Internet (appelé grid computer) pour la résolution de problèmes mathématiques complexes font un tabac dans les médias (cf. l'article dans Wired, le magazine de mes rêves : OK, What's NUG30 Times Pi?).

Mais, trop éloigné de mon pays et de ma culture, et un peu fatigué du milieu académique trop déconnecté des vrais enjeux du monde contemporain, je décide de passer à autre chose et de rentrer définitivement en France en septembre 2000. J'espère néanmoins pouvoir un jour refaire paisiblement de la recherche. Dans l’avion du retour, il y avait une page entière dans Le Monde consacrée à nos travaux (cf. les deux articles et Des bataillons de PC à l'assaut des supercalculateurs et Le calcul distribué s'organise). Etrange coïncidence et signe indiscutable que cette période américaine était révolue.

2000-2010 : Les années d’assemblage


Quelques mois après mon retour Georges W. Bush est élu dans les conditions que l'on sait. Cela me fait très peur. Je décide alors de me mettre à réfléchir activement au roman qui me trotte dans la tête depuis quelques années déjà. Le 11 septembre me plonge dans un désarroi encore plus profond. La peur d'une guerre totale me noue les viscères. Comment a-t-on pu en arriver là ? Le roman ne pourra pas se contenter d'une analyse/vision superficielle.

Alors que certains militent pour un catastrophisme éclairé, je suis plus en faveur d'une vision utopique éclairée. Pour comprendre la marche du monde et aller au-delà des préjugés, il me faut décrypter un peu mieux le fonctionnement du monde politique, industriel et économique. J’aide donc tout d'abord un ami à monter une société de conseil en modélisation mathématique pour résoudre les problèmes opérationnels et stratégique des entreprises, plus concrets que les problèmes académiques que je traitais avant.

Après quatre années à intervenir dans tous les secteurs industriels, je me rends à l'évidence que les mathématiques ne changeront pas le monde. Au mieux, elles contribueront à l'améliorer, un peu. Pour espèrer influer sur le cours des choses, il faut les comprendre et pour cela on ne peut pas être un outsider, il faut être un insider. Sinon impossible d'élever le débat. Très marqué par les malversations épouvantables qui ont conduit à la faillite d'Enron et que personne n'a vu venir (ou voulu voir venir), je décide alors de rentrer dans l’arène et de me plonger au coeur des enjeux économiques et de la régulation du secteur de l’énergie (gaz, électricité et énergies renouvelables) pilier du XXIème siècle. Je découvre de nouvelles dimensions jusqu'alors inconnues : politique nationale et européenne, jeux et relations entre Etats, régulation, droit, lobbying, communication, finance, marché, technologies, etc. Cette expérience est très riche et me fait prendre conscience des facteurs humains, politiques et financiers, d'une complexité ahurissante, qui conditionnent l'évolution de ces secteurs et retardent leur évolution vers un monde « durable ».

Tous les problèmes auxquels l'humanité fait face s'accèlèrent ces dernières années et bien souvent l'humanité est dépassée. Les défis qui nous attendent nécessiteront une approche radicalement nouvelle et pluridisciplinaire, basée sur l'éthique, le courage et la vision de long terme. Les dysfonctionnements multiples qui ont conduit à l’échec de la conférence de Copenhague montrent l'ampleur du chemin qu'il reste à parcourir et me désolent. Mais, rassurez-vous, je garde toujours la foi, on n'a pas le choix.

A côté de mon travail, je consacre mon temps libre à ma femme et mes deux enfants, et mes nuits aux recherches et à l’écriture de Siècle bleu. Je me suis lancé il y a quelques mois dans la conception du deuxième tome.

2010 -2020 : Les années ???